Depuis 2010, de nombreuses sources affirment que Facebook travaillerait sur un système d’exploitation (OS) mobile pour son propre téléphone. D’après des propos recueillis par le New York Times (voir l’article), selon des personnalités proches de l’entreprise, Facebook envisagerait — à nouveau — de créer son propre smartphone « Facebook Phone », pour l’année prochaine, en 2013.
La retenue est de mise car la rumeur ne date pas d’hier… En effet, il y a quelques mois déjà, une telle annonce considérait un produit délivré par le constructeur taïwanais avec un bouton spécial Facebook, une touche pour permettre un accès aisé au réseau social (ce que suggère la capture ci-dessous). HTC a bel et bien commercialisé son smartphone des réseaux sociaux avec le HTC ChaCha mais il a été fabriqué par et vendu sous la marque HTC, et c’est tout ce qui le distingue du reste de la gamme.
Mais pourquoi Facebook ne créerait pas un Facebook Phone ?
Tout simplement parce qu’un écosystème Facebook est déjà naissant dans nos smartphones (iOS, Android, BlackBerry, Windows Phone).
Tout simplement parce que Facebook est en train de créer les applications majeures nécessaires pour un OS mobile performant et en définitive, populaire.
Un partenariat stratégique avec HTC pour un smartphone
Depuis 2011, nombreux ont été ceux qui ont pensé que la stratégie de Facebook serait proche de celle de Google à ses débuts dans l’univers mobile. En faisant un partenariat avec HTC (ndlr tout comme le leader des moteurs de recherche avec son Google Phone), le premier réseau social du monde ne construit pas lui-même son appareil mobile, laissant alors cette responsabilité au constructeur HTC. En revanche, Facebook se concentrerait de fait sur la modification en profondeur d’un système mobile, Android (nul besoin de rappeler sa paternité), notamment avec une intégration plus poussée de la plateforme sociale à tous les niveaux au sein de l’OS.
Facebook pourrait bel et bien s’allier avec un constructeur reconnu pour distribuer un Facebook Phone s’assurant ainsi de la faisabilité technique de son produit.
Microsoft pourrait réussir à imposer son Windows Phone
Toutefois, Microsoft — actionnaire de Facebook à 1,6% depuis 2007 — tenterait de mettre en avant son nouveau système d’exploitation mobile Windows Phone pour profiter de l’opportunité. Avec un OS réputé comme sensiblement tourné vers le « social », Microsoft a tout intérêt à ce que Facebook utilise son dernier né pour augmenter sa part de marché sur le terrain de la mobilité avec l’usage des médias sociaux.
Cela serait sans oublier un autre fait marquant : le réseau social de Palo Alto a déjà recruté plus d’une dizaine d’anciens ingénieurs logiciels et matériels issus d’Apple et qui ont travaillé sur l’iPhone. L’un d’entre eux aurait même travaillé sur la tablette tactile iPad.
La stratégie de Facebook face à Google : une stratégie différenciée
La stratégie amorcée par Facebook semble quelque peu différente — de celle de Google. Avec le rachat de Beluga (mars 2011), Gollawa (décembre 2011), Instagram (avril 2012) puis tout récemment l’application de géolocalisation glancee, Facebook démontre son intention de peser dans le paysage mobile avec une pure segmentation en ce qui concerne les usages mobiles.
En cela, la commercialisation d’un téléphone Facebook n’est d’aucune utilité.
Les objectifs du fondateur et de son équipe ne semblent clairement pas être dirigés vers la vente de téléphone (comme a pu l’être Apple) mais de favoriser le développement de sa plateforme créée il y a 8 ans : en d’autres termes, consolider sa position et assurer le maintien de sa base d’utilisateurs. En cela, la commercialisation d’un téléphone Facebook n’est d’aucune utilité. Des applications natives sont en revanche une façon formidable de capitaliser sur la connexion en ligne de plus de 901 millions d’utilisateurs actif dont 54% des utilisateurs se connectent depuis le mobile (1), avec leurs terminaux iOS ou appareil Android.
Au final, en multipliant le nombre d’applications autour de son écosystème, Facebook multiplie sa présence et par conséquent sa visibilité au sein même du téléphone de l’utilisateur, au point de devenir un véritable écosystème intégré au terminal.
En 2008, Facebook lance son application historique qui a subit de nombreuses mises à jours depuis et devient alors le carnet d’adresse pour rester en contacter avec ses « amis » : la différence entre le web et le mobile s’est réduite au fil des mises à jour. D’autres applications centrales voire indispensables sont d’ores et déjà existantes au sein de l’application Facebook (pensez au Calendrier).
En 2011, Messenger ou Facebook Messages apparait sur les boutiques d’applications en tant que messagerie texte en temps-réel comme substitut des SMS. Il s’agit de la réponse de Facebook à iMessage (Apple), à Google Talk, ou encore le BlackBerry Messenger.
Une véritable place de marché pour le web et le mobile
On en parlait sur le blog, Facebook a lancé sa boutique d’applications web et mobile; Avec l’App Center (Facebook lance App Center : sa boutique d’apps web et mobile), Facebook souhaite valoriser son outil avec la multitude d’applications qui a été développée pour sa plateforme sociale. On peut également en voir alors une analogie avec l’importance de l’App Store ou le Google Play pour le mobile. Devant la problématique du choix, la marketplace constitue la force du téléphone : Apple a longtemps communiqué sur cet avantage concurrentiel avec son célèbre « there is an app for that » (via les 250 000 applications disponibles sur l’App Store).
Vendredi dernier, Facebook dévoilait une nouvelle application sur l’App Store : Facebook Camera. Très proche d’Instagram (Instagram, application iPhone de l’année sur l’App Store), il s’agit d’une application visant à partager des photos avec ses « amis » en y appliquant des filtres. Chaque smartphone nécessite une application Photo. L’application Facebook permet de répondre à ce besoin. Camera — tout comme Instagram — est aujourd’hui l’application ultime pour diffuser et partager tout ce qui nous entoure.
Suite à ce tour d’horizon, il ne manque à Facebook qu’un navigateur Internet et une application Plans ou cartographie.
– Pour le navigateur, de nouvelles rumeurs font écho d’un intérêt de Facebook pour le navigateur Opera (Web et Mobile), l’occasion de rappeler qu’il serait alors l’occasion pour Facebook de concurrencer Apple (Safari), Google (Chrome), Microsoft (Internet Explorer) ou encore Amazon (Silk).
– En ce qui concerne l’application Plans, Facebook entretient des relations avec Microsoft, pourquoi ne pas imaginer alors une application liée à l’outil Bing comme c’est déjà le cas sur le site Internet classique.
Pour conclure, Facebook se rapproche, petit à petit, avec ces dernières acquisitions et nouvelles applications, vers un univers centré sur sa plateforme sociale et l’Open Graph. En outre, malgré l’impression d’échec concernant sa récente introduction en bourse — contestable mais lu ici et là, le réseau social a tout de même réussi à lever 16 milliards de dollars : largement suffisant pour acheter, par exemple, le Canadien Research In Motion après ses résultats décevants (RIM est valorisé à 6 milliards de dollars).
[zilla_alert style= »grey »] (1) Via Socialbakers’s Facebook Mobile Statistics [/zilla_alert]